mercredi 12 novembre 2008

L'ingénu : Congrès, fédération, appels, nouveaux partis? Kesako?

Ouhlala! C'est ce qui me viendrait à l'esprit si je débarquais en France et y découvrais notre paysage politique surtout du côté de la gauche radicale...

La confusion règne en effet entre une dynamique NPA qui commence à se stabiliser après des débuts fluctuants mais où commencent aussi à se faire jour les première contradictions entre comités locaux assez divers dans leur composition et la direction nationale de la LCR qui tente de garder la bride sur sa construction;

un processus de "fédération" des militants, citoyens et des forces se reconnaissant dans la gauche alternative, à laquelle sont partie prenante Communistes Unitaires, Alternatifs (dont le congrès vient de confirmer l'engagement dans la création d'une telle force), Collectifs Unitaires, le MAI et autres divers courants de l'écologie radicale. Un processus recevant un large écho dans les milieux militants écologistes et altermondialistes mais qui en dehors peine à se faire connaître à cause d'un black-out médiatique impressionnant;

un PCF en crise dont l'issue du prochain congrès ne se résumera hélas qu'à un renouvellement assez superficielle de l'équipe dirigeante puisqu'elle sera issue de la motion de la direction nationale actuelle élue par à peu près 20% des militants lors d'un vote interne où l'abstention et les votes nuls ont atteint des records sans précédents;

une gauche du PS qui commence à se réorganiser avec la sécession de Marc Dolez et Jean-Luc Mélenchon suivis par le PRS et rejoints par le MARS-GR (républicains anti-libéraux), qui appellent à la création d'une nouveau "parti de la gauche" clairement en rupture avec le capitalisme mais apparement pas avec le PS. Cela rajoute encore à la confusion à la gauche de la gauche, puisque ceux-ci ne semblent faire appel, pour la consitution de ce Die Linke à la française, qu'aux forces républicaines et surtout au PCF.
J'avoue que la manière dont a été lancé cette initiative me rend assez perplexe... En effet alors que s'enorgueillant de porter un projet unitaire, elle se fait en dehors de tout cadre existant s'en renvendicant (Politis) ou ne fait pas appel à ceux en cours de construction (fédération de la gauche alternative).


Ce rassemblement partiel des forces républicaines et socialistes, comme pour le NPA avec l'apport de militants anti-capitalistes proches de la LCR, ne semble pas se fixer pour objectif ultérieur leur propre dépassement dans un regroupement plus large des forces de la gauche de transformation sociale et écologiste, contrairement à l'initiative de "fédération de la gauche alternative" en cours qui ne se conçoit que comme une première étape vers la constitution d'une force pluraliste.

Certes, il est légitime et important pour le pluralisme des idées de la gauche de la gauche, que le pôle anticapitaliste, le pôle autogestionnaire/altermondialiste et le pôle républicain/socialiste s'organisent chacun de leur côté, mais quel gâchis monumental ce serait si cette division/réorganisation devait aboutir à trois forces chacune tournant le dos aux autres, chacune se pensant suffisante pour porter à elle seule un vrai changement de société.
On ne pourra regrouper la gauche de la gauche dans son ensemble autour d'une seule de ces trois forces à venir, nous devons le dire, le répéter et faire pression pour que des passerelles continuent à se faire entre chacune...
C'est aussi pour porter ces revendications qu'il est important que la "fédération" de gauche alternative commence réellement à se construire et se renforcer tout de suite.

Ainsi la partie de cartes s'avère au fur et à mesure du temps plus compliquée mais je ne pense toujours pas qu'elle soit sans issue commune possible si chacun reste capable de dépasser les querelles de clochers, qui nous ont déjà fait perdre tant de fois.

Les européennes doivent être l'occasion de commencer ce débat sans que le jeu soit pipé d'avance. Mais loin de vouloir construire l'unité pour l'unité, afin de ne pas reproduire les erreurs de 2006, c'est sur le fond de notre projet commun, bref ce qui nous rassemble tout en mettant à plat ce qui nous divise, que l'on doit commencer à discuter et pas seulement sur des têtes de listes.

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