mercredi 11 février 2009

Genre! t'es un mec?! Prouve le moi...


La société dans laquelle nos mamans nous ont forcéEs à vivre en nous laissant être arrachéEs si injustement de leur utérus, est, vous l'aurez remarqué, basée sur une séparation entre deux catégories de personnes que l'on appelle soit "hommes" soit "femmes" selon qu'elles aient un truc qui dépasse ou un trou entre les jambes.
Cette division de la société en deux paraît relever du sens commun, on y réfléchit pas naturellement, elle existe c'est comme ça...

C'est sûrement qu'il y a des raisons!
Et quand on demande lesquelles ça pose un petit problème...



(Se) Repoduire sans réfléchir

On est souvent confronté à des réponses du genre : "bah les femmes ont un vagin et les hommes ont un pénis!" Ouah! , ou encore : "les femmes sont plus fragiles, du coup la société s'est organisée sur ça en laissant les travaux les plus durs aux hommes". Au delà du fait que je pourrais leur rétorquer qu'ils n'ont jamais vu ma soeur, on pourrait opposer à ces personnes que même si c'était vrai, aujourd'hui les travaux étant moins physiques et plus intellectuels, pourquoi une telle division existe encore?
Pourquoi cette division sociétale basée sur la présence ou non d'un appendice en dessous de la ceinture?

Et oui, la vraie raison se trouve ailleurs... dans la domination d'une catégorie sur une autre créée pour l'occasion, afin de répartir le travail et refiler à la femme les tâches ingrates... Marx (Karlos pas Groucho) lui-même disait que "la femme est le prolétaire de l'homme"...

Du coup, pour légitimer et lui faire accepter sa domination, on a attribué à la femme plein de qualités censées lui être naturelles comme la fragilité, la coquetterie, la soumission, la timidité, la discrétion, la douceur, à l'opposé du stéréotype de l'homme se définissant par sa force, son courage, sa violence : "Montre que t'es un mec, que t'as des couilles!". Tout ça a été intégré dans nos manières de penser, alors on reproduit cela inconsciemment en achetant aux petits garçons des poupées GI Joe, quitte à légitimer des attitudes violentes plus tard vis à vis de leurs femmes (puisque ce modèle a forcément l'hétéronormie comme pendant : être homo ou bi c'est être une fiotte, un sous-mec, une femme quoi!), et en offrant aux petites filles des poupées Barbie pour leur apprendre à être belles en toute circonstance, à disposition de leur mari, et à subir sans rien dire ses violences ou ses envies... Et si fifille ne se révèle pas conforme à cela, on dira d'elle qu'elle est un garçon manqué, et plus tard qu'elle est sûrement lesbienne (oui, ce système est aussi synonyme d'homo/lesbophobie).
Des chercheurs ethnologues ont pourtant trouvé des peuples en Océanie chez lesquels les caractéristiques sociétales étaient inversées entre les sexes, entre les femmes autoritaires et violentes qui dirigeaient la tribu, et les hommes coquets et soumis. Comme quoi ces comportements ne sont pas si naturels et universels que ça!

Une science phallocrate, sans fondements et orientée

Mais le plus intéressant est que cette division biologique entre deux sexes n'est même pas fondée scientifiquement, puisqu'il y a une faible mais non-négligeable proportion de la population qui, quand elle naît a "les deux" sexes au niveau génital (pénis plus vagin) ou chromosomique (XXY), ce qu'on appelle les personnes intersexes, sur qui les médecins s'autorisent (avec l'accord des parents souvent mal informés), à déterminer arbitrairement par la chirurgie le sexe qu'ils/elles auraient pu choisir plus agéEs.

Alors nos chercheurs inquiets de voir les bases de leur éducation et petit monde sans fondement, s'acharnent à vouloir trouver sans réussir ce qui pourrait différencier l'homme de la femme. Mais que ce soit par les caractéristiques hormonales, morphologiques, ou génétiques, qu'on définit de manière conditionnée comme soit masculines soit féminines (les chercheurs aussi font partie de la société et ont été socialisés), on aboutit à, à peu près, 20% de la population "sexes confondus" qui réunissent différentes caractéristiques masculines ou féminines, et donc à des hommes (de par leur pénis) qui sont de par leur corps, leurs hormones ou leurs gènes plus féminins que des femmes et vice versa.
Pourquoi baser alors une séparation en deux de l'humanité sur l'existence d'un vagin ou d'un pénis, plutôt que sur la longueur des lobes d'oreilles ou la couleur de ses yeux? Est-ce que ça a plus d'importance?
Est-ce que l'on doit tout baser sur le critère reproductif? Les femmes et les hommes ménopausées et/ou stériles ne seraient alors plus vraiment ni des hommes ni des femmes. Et le rapport sexuel ne serait alors plus que procréatif? Amen! dirait le freaky-sex Beuh-noix XVI!

Diviser pour mieux régner

Ce qu'il faut retenir c'est que dans tous les cas, catégoriser c'est hiérarchiser. L'instauration de la division en deux sexes de l'humanité est originellement et sera toujours un instrument de domination. Et à partir du moment où on s'est permis de soumettre la moitié de l'humanité à l'autre, la voie était ouverte à n'importe quelle autre discrimination et domination, comme ce fut le cas par la suite avec la création des races, à partir de laquelle on a justifié l'esclavage ou plus tard la colonisation... Dans les deux cas on retrouve la domination du modèle de l'"homme blanc, occidental, chrétien, hétérosexuel et économiquement performant".
Comme il n'y a pas cinq ou six races mais une race humaine, il n'y a pas deux genres mais le genre humain, et autant de sexes qu'il y a d'individuEs... Alors pourquoi se sentir mal dans sa peau en essayant de coller à un stéréotype caricatural et inaccessible qui ne nous convient pas, alors que nous pouvons être nous même en créant notre propre identité en dehors des constructions sociales qui brident notre bonheur et notre épanouissement?


Nathou (humain à kekette, yeux noisettes et longs lobes d'oreilles)


* article extrait du prochain MEG (Magazine d'Etudions Gayment)