vendredi 28 novembre 2008

PartiS de gauche... mais arrivés où?

Pourquoi je ne suis pas républicain...

Oui je sais, ça peut paraître étrange comme affirmation pour une personne de gauche... Mais rassurez-vous je ne suis ni devenu monarchiste, ni poujadiste!
Non, je parle des républicains de gauche que l'on peut retrouver au MRC, au PRS et maintenant au Parti de Gauche créé à l'initiative de Mélenchon qui voudrait en faire le fer de lance du socialisme républicain français... Atchoum! Excusez moi, je suis allergique à la poussière!

Bien sûr j'en parle à cause de l'actualité de la création du PdG, dont on entend plus parler que la fédération de la gauche alternative (vous connaissez la théorie de l'écran de Debray? On passe mieux à la télé lorsqu'un mouvement est personnalisé), mais pas seulement... Ce soir est sortant du métro je me suis fait littéralement sauté dessus par une dame d'une cinquantaine d'années (oui oui, une fois n'est pas coutûme) qui voulait me refourguer un tract pour la création du Parti de Gauche et sa grande "inauguration" (le vocabulaire entrepenarial est volontaire) avec la venue d'outre-Rhin d'Oskar Lafontaine. Cette femme m'apprendra par la suite qu'elle vient du MRC de Chévènement (oui encore une figure).
Instinctivement je lui réponds que ce n'est pas la peine, que je connais et que ça ne m'intéresse pas étant militant antiraciste et autogestionnaire (j'aurai pu rajouter écolo), mais que ça n'empêche pas qu'on travaille ensemble comme pour les européennes :

Elle insiste, et me dit " les républicains ne sont pas racistes!"
- "Je n'ai pas dit ça", lui réponds-je, "c'est simplement que les valeurs républicaines de laïcité négative, ethno-centrées sont pour moi incompatibles avec l'engagement antiraciste. Et puisque vous me parlez de Chévènement, n'est-ce pas de lui l'expression "les sauvageons" en parlant des jeunes des quartiers?""
-"Oui oui mais c'est vrai que c'est une population qui a besoin d'être éduquée, les parents ne font plus leur boulot!" me rétorque t-elle.
- "C'est un discours de droite ça madame, voire colonialiste, c'est avec ces mots qu'on cautionnait l'invasion des terres et l'exploitation des peuples pour leur transmettre les "valeurs universelles" portées par la République". Je continue, " vous ne pensez pas que ces parents aimeraient passer plus de temps dans leur famille, ou avoir les moyens d'éduquer leurs enfants pour qu'ils ne fassent pas de bêtises, mais qu'on les enferme dans cette précarité ghettoïsante?"
- "Non la délinquance est quelque chose que l'on ne peut pardonner ou justifier, la gauche ne doit pas être la parti des délinquants"
- "Ah vous ne pensez pas qu'il y a un déterminisme social, comme dit Bourdieu, à la délinquance? Sans aller jusque pardonner, ne peut on pas relativiser ces actes?"
- "Non, je suis une femme et je n'ai pas envie de me faire violer en me balladant dans la rue par un islamiste!"
CQFD! La droite (et ses amalgames xénophobes) a de beaux jours devant elle... même à gauche!

On a pas abordé la question de l'autogestion et du centralisme démocratique, et tant mieux; j'ai préféré partir désespéré par ces derniers mots
Il serait vraiment temps que tou-te-s les militant-e-s des quartiers investissent le champ politique et y prennent la parole pour combattre la xénophobie latente dans la société, et surtout dans le milieu militant de gauche!

Comme quoi, que ce soit le socialisme républicain ou le trotskysme, les idéologies passéistes et poussièreuses de gauche ne sont pas prêtes de disparaître...
J'espère que la fédération de la gauche alternative à venir sera un outil pour combattre ces idées, comme l'on combat le capitalisme et ses ravages. La tolérance et l'ouverture des esprits et des cultures sera une des clefs de la paix du monde à venir.

samedi 15 novembre 2008

"Y'a plus que les ritales pour se bouger en France!"

"NON PAGHEREMO LA LORO CRISA"

Oui c'est une phrase que j'ai entendu très souvent vendredi soir au rassemblement de soutien aux universités italiennes en lutte contre l'équivalent de nos coupures budgétaires et de notre LRU (Loi relative à l'autonomie des universités) françaises, où les français se sentaient étrangers en leur propre pays au milieu de tant d'italiens...
Sauf que leur mobilisation à eux en Italie est un cran au dessus avec trois cents mille personnes dans la rue à Rome hier soir. En France, ce sont encore les étudiants italiens les plus nombreux à se mobiliser contre une directive européenne issue du "processus de Bologne". Ils étaient deux-cents à se réunir devant le Consulat Italien hier matin, le soir une petite centaine à envahir la salle de conférence de l'Institut de la Culture Italienne pour porter leurs revendications pour la sauvegarde de la culture et de la recherche et pour l'indépendance de l'enseignement supérieur en Italie, sous le mot d'ordre "Non pagheremo la loro crisa".
Des rassemblements de soutien similaires se sont tenus dans les 20 plus grandes villes d'Europe comme Istanbul, Madrid, Monaco, Berlin, Barcelone, Bruxelles,... Bref il semble que pour la première fois depuis... mai 68! (et oui!) un mouvement de contestation européen se mette en place.

Cependant ne jettons pas la pierre aux étudiants français encore un peu frileux cette année. L'an passé nous a un peu échaudé avec une mobilisation crescendo qui a disparu comme elle était venue, lachée en cours de route par le syndicat réformiste et social démocrate majoritaire en France, j'ai nommé l'UNEF...
En effet un temps après avoir soutenu le mouvement qu'elle a vu se développer en dehors de son contrôle, car à l'initiative de Sud Etudiant et des autres forces de gauche radicale, l'UNEF décida de passer directement à la table des négociations avec la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, pour à la fin accepter des miettes contre lesquelles elle décide de se battre maintenant.

Mais là où on peut se rassurer c'est que ce mouvement qui se développe en France, se fait en dehors de tout contrôle des syndicats, en AG où les étudiants italiens expatriés décident de la vie du mouvement, avant de transmettre leurs idées de mobilisation aux AG étudiantes qui se tiennent un peu partout ces temps-ci pour aller vers un mouvement global des étudiants...

On ne peut que souhaiter bonne chance à tou-te-s et être avec eux/elles jusque dans la rue!

mercredi 12 novembre 2008

L'ingénu : Congrès, fédération, appels, nouveaux partis? Kesako?

Ouhlala! C'est ce qui me viendrait à l'esprit si je débarquais en France et y découvrais notre paysage politique surtout du côté de la gauche radicale...

La confusion règne en effet entre une dynamique NPA qui commence à se stabiliser après des débuts fluctuants mais où commencent aussi à se faire jour les première contradictions entre comités locaux assez divers dans leur composition et la direction nationale de la LCR qui tente de garder la bride sur sa construction;

un processus de "fédération" des militants, citoyens et des forces se reconnaissant dans la gauche alternative, à laquelle sont partie prenante Communistes Unitaires, Alternatifs (dont le congrès vient de confirmer l'engagement dans la création d'une telle force), Collectifs Unitaires, le MAI et autres divers courants de l'écologie radicale. Un processus recevant un large écho dans les milieux militants écologistes et altermondialistes mais qui en dehors peine à se faire connaître à cause d'un black-out médiatique impressionnant;

un PCF en crise dont l'issue du prochain congrès ne se résumera hélas qu'à un renouvellement assez superficielle de l'équipe dirigeante puisqu'elle sera issue de la motion de la direction nationale actuelle élue par à peu près 20% des militants lors d'un vote interne où l'abstention et les votes nuls ont atteint des records sans précédents;

une gauche du PS qui commence à se réorganiser avec la sécession de Marc Dolez et Jean-Luc Mélenchon suivis par le PRS et rejoints par le MARS-GR (républicains anti-libéraux), qui appellent à la création d'une nouveau "parti de la gauche" clairement en rupture avec le capitalisme mais apparement pas avec le PS. Cela rajoute encore à la confusion à la gauche de la gauche, puisque ceux-ci ne semblent faire appel, pour la consitution de ce Die Linke à la française, qu'aux forces républicaines et surtout au PCF.
J'avoue que la manière dont a été lancé cette initiative me rend assez perplexe... En effet alors que s'enorgueillant de porter un projet unitaire, elle se fait en dehors de tout cadre existant s'en renvendicant (Politis) ou ne fait pas appel à ceux en cours de construction (fédération de la gauche alternative).


Ce rassemblement partiel des forces républicaines et socialistes, comme pour le NPA avec l'apport de militants anti-capitalistes proches de la LCR, ne semble pas se fixer pour objectif ultérieur leur propre dépassement dans un regroupement plus large des forces de la gauche de transformation sociale et écologiste, contrairement à l'initiative de "fédération de la gauche alternative" en cours qui ne se conçoit que comme une première étape vers la constitution d'une force pluraliste.

Certes, il est légitime et important pour le pluralisme des idées de la gauche de la gauche, que le pôle anticapitaliste, le pôle autogestionnaire/altermondialiste et le pôle républicain/socialiste s'organisent chacun de leur côté, mais quel gâchis monumental ce serait si cette division/réorganisation devait aboutir à trois forces chacune tournant le dos aux autres, chacune se pensant suffisante pour porter à elle seule un vrai changement de société.
On ne pourra regrouper la gauche de la gauche dans son ensemble autour d'une seule de ces trois forces à venir, nous devons le dire, le répéter et faire pression pour que des passerelles continuent à se faire entre chacune...
C'est aussi pour porter ces revendications qu'il est important que la "fédération" de gauche alternative commence réellement à se construire et se renforcer tout de suite.

Ainsi la partie de cartes s'avère au fur et à mesure du temps plus compliquée mais je ne pense toujours pas qu'elle soit sans issue commune possible si chacun reste capable de dépasser les querelles de clochers, qui nous ont déjà fait perdre tant de fois.

Les européennes doivent être l'occasion de commencer ce débat sans que le jeu soit pipé d'avance. Mais loin de vouloir construire l'unité pour l'unité, afin de ne pas reproduire les erreurs de 2006, c'est sur le fond de notre projet commun, bref ce qui nous rassemble tout en mettant à plat ce qui nous divise, que l'on doit commencer à discuter et pas seulement sur des têtes de listes.