mercredi 29 septembre 2010

Manifeste pour une insurrection Trans-Féministe

Les combattants cubains, connus aussi comme les « barbus », descendirent des montagnes, et le 1er janvier 1959 prirent La Havane mettant ainsi fin à la dictature bananière de Fulgencio Batista, qui avait fait de Cuba le « casino » des Etats-Unis. C'est ainsi qu'arrivèrent Fidel et le triomphe de la révolution socialiste cubaine?

Trente-cinq années plus tard, le 1er janvier 1994, descendirent aussi des montagnes les paysans indigènes appartenant au Mouvement Zapatiste de Libération Nationale. Commençant par San Cristobal de las Casas, ils occupèrent beaucoup de centre-villes populaires de l'état mexicain du Chiapas. Cela coïncidait avec l'entrée en vigueur du Traité de Libre-Échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, qui condamnait à une encore plus grande pauvreté les communautés indigènes. Ils descendirent de la montagne, atteignirent leurs objectifs et enclenchèrent une des révolutions ayant le plus grand écho des dernières décennies du 20e siècle.

Aujourd'hui, le 1er janvier 2010, depuis différents quartiers, villes, cultures et mondes, nous lançons un appel à la lutte trans-féministe, à la formation de réseaux comme groupes de bases pour cohabiter et s'organiser, et à la rébellion dans les rues, dans les maisons et dans les villes.


De nos trottoirs et avec toute notre passion, nous proclamons ceci aux quatre coins du monde :


MANIFESTE POUR UNE INSURRECTION TRANS-FEMINISTE

Nous lançons un appel à l'insurrection Trans-Féministe :


Nous venons du féminisme radical, nous sommes lesbiennes, putes, trans, immigréEs, désargentéEs, hétéro-dissidentEs... Nous sommes la rage de la révolution féministe et nous voulons montrer les crocs; sortir des bureaux du « genre » et des politiques du « correct » car notre désir qui nous guide est politiquement incorrect, dérangeant, réflexif et redéfinissant nos mutations.

Désormais il ne nous convient plus d'être seulement des femmes.

Le sujet politique féministe « femmes » est maintenant trop étroit pour nous, réducteur par nature, laissant sur le bord de la route les lesbiennes, les trans, les putes, les voilées, les sans-papières, celles qui gagnent peu et qui ne font pas d'études, celles qui crient, les pédales...


Nous dynamitons la binarité de genre et de sexe en tant que système politique. Nous suivons la route entamée par le « on ne naît pas femme, on le devient », nous continuons à démasquer les structures de dominations, la division et la hiérarchisation. Si nous n'apprenons pas que la séparation homme/femme est une construction sociale, comme l'est la structure hiérarchique qui nous opprime, nous renforcerons la structure qui nous tyrannise : la frontière homme/femme.


Chacun de nous produit le genre, il est temps de produire de la liberté! Battons-nous avec nos genres infinis....

Nous réclamons la réinvention du désir, la lutte pour la souveraineté de nos corps face à tout régime totalitaire. Nos corps nous appartiennent! Comme nos propres limites, mutations, couleurs et transitions.


Nous n'avons pas besoin de protection dans les décisions que nous prenons au travers de nos corps, nous changeons de genre, nous sommes celui que nous voulons : travestiEs, lesbiennes, fem', butch, putes, trans, nous portons le voile ou nous parlons wolof; nous sommes organisées : une bande furieuse.

Nous appelons à l'insurrection, à l'occupation des rues, aux blogs, à la désobéissance, à ne pas demander de permission, à créer des alliances et des structures propres; ne nous défendons pas, faisons en sorte qu'ils nous craignent!

Nous sommes une réalité, nous opérons dans différentes villes et contextes, nous sommes en lien, nous avons des objectifs communs et vous ne nous ferez plus taire. Le féminisme ira par delà les frontières, transformateur transgenre ou ne sera pas, le féminisme sera trans-féministe ou ne sera pas.

Nous vous aimons.


Réseau PuteGouineNoireTransFéministe /

Rete PutaLesboNeraTransFemminista.


Medeak, Garaipen, La Acera Del Frente, Itziar Ziga, Lolito Power, Las Chulazas, Diana J. Torres AKA Pornoterrorista, Parole de Queer, Post_op, Las maribolheras precarias, Miguel Misse, Beatriz Preciado, Katalli, MDM, Coletivo TransGaliza, Laura Bugalho, EHGAM, NacionScratchs, IdeaDestroyingMuros, Sayak Valencia, TransFusión, Stonewall, Astrid Suess, Alira Araneta Zinkunegi, Juana Ramos, 7menos20, Kim Pérez (Cofundadora de Conjuntos Difusos), d-generadas, las del 8 y et al, Beatriz Espejo, Xarxa d’Acció Trans-Intersex de Barcelona, Guerrilla Travolaka, Towanda,Ciclobollos, O.R.G.I.A, Panteras Rosas, Trans Tornados,Bizigay, Pol Galofre, No Te Prives, CGB, Juanita Márkez Quimera Rosa, Miriam Solà, Ningún Lugar, Generatech, Sr. y Sñra. Woolman, Marianissima Airlines, As dúas, Oquenossaedacona, Go Fist Foundation, Heroína de lo periférico, Lola Clavo, Panaderas Sin Moldes, Señorita Griffin, Impacto Nipón, Las Mozas de KNY, Kabaret Lliure de Mediona, Teresa Matilla




mercredi 11 novembre 2009

Ci-dessous vous trouverez une interview de Christine Delphy réalisée pour Alternative Libertaire qui éclaire beaucoup sur les rapports de genre et de race, l'articulation des oppressions des minorités entre elles, la nécessaire suppression des catégories créées par le patriarcat (femmes, noirEs, arabes, pédés, gouines...) et en partie les ressorts de la division du mouvement féministe actuel.


Les classifications sont construites à des fins d’exploitation



Christine Delphy est directrice de recherche émérite au CNRS, docteure en sociologie et en philosophie et directrice de publication de la revue Nouvelles Questions Féministes. À la fin des années soixante, elle a participé à la formation du Mouvement de libération des femmes. Elle est l’une des principales théoriciennes du courant féministe matérialiste qui met en avant l’exploitation des femmes par les hommes, en particulier à travers le travail domestique. En 2004, elle a fait partie des féministes qui se sont opposées à la loi interdisant le port du voile à l’école et s’est prononcée pour un féminisme résolument anti-raciste.

Elle a accepté de nous parler de son dernier ouvrage, qui rassemble des articles et textes de prise de position écrits à l’occasion des débats sur la parité, le PACS, la guerre en Afghanistan ou la loi contre le port du voile à l’école.



AL : Dans ton dernier ouvrage, tu montres les similarités qui existent entre différents types de domination (sexiste, raciste, homophobe). Comment s’articulent les deux niveaux de domination : normative et matérielle ? La domination matérielle n’est-elle que le résultat de discriminations dues à des normes (ou à des classifications) ?


CD : Il existe en effet une parenté entre ces différents types de domination. Ce que je montre, c’est que les classifications sont construites à des fins d’exploitation. On peut cependant en distinguer certaines : ainsi, l’antisémitisme ne semble pas s’appuyer sur une exploitation des Juifs par les non-Juifs, l’homophobie non plus, mais cela reste à prouver faute d’études précises sur le sujet. Les lesbiennes sont bien exploitées comme les autres femmes, mais en tant que femmes. Quant aux gays, on peut quand même dire qu’ils n’ont pas accès aux cercles de camaraderie masculine hétérosexuelle, ces cercles informels qui assurent la domination et l’exploitation des femmes par les hommes, ils ont donc probablement une position matérielle dominée.
Classification et exploitation sont liées. Je suis matérialiste et je pense que l’exploitation vient en premier, parce qu’il y a un but d’exploitation dans la classification. Logiquement, la classification semble venir avant, mais pas historiquement : c’est parce que j’ai besoin d’exploiter quelqu’un que je le constitue comme « autre », en le nommant « femme », « noir », etc.

Penser que la classification est indépendante des conditions matérielles qu’elle implique et qui la produisent est une vision idéaliste et essentialiste. C’est donner un contenu à la nature humaine, alors qu’on ne le connaît pas. Quand on dit que classifier, faire des catégories est le propre de la nature humaine, on se place implicitement du côté du dominant, du classificateur, comme si la propension à classifier était réciproque, alors que les classifiés ne participent pas à l’élaboration de la classification. C’est comme quand on dit qu’il faut « accepter l’autre », on se pose implicitement comme « un », comme faisant partie des « uns ». C’est pourtant un discours de dominant et donc dominant : qui a le pouvoir de s’imposer même aux dominés.


Dans cet ouvrage, tu ne traites pas de la question des classes sociales. Pourquoi ? Quelle est la différence avec les classifications de sexe et de race ?


En effet, je ne parle pas des classes. Je pense qu’il est admis par tout le monde que les classes sociales sont construites pour exploiter. La finalité d’exploitation de la construction des classes ne fait problème pour personne… sauf peut-être pour les capitalistes, qui la nient. Mais il y a aussi un aspect de caste dans les classes. Le concept de caste désigne une classe qui est héréditaire, qui est fermée. Les classes sont censées être ouvertes, c’est pour cela qu’on parle de mobilité sociale : il y aurait un aspect méritocratique dans la formation des classes. En fait, les classes ont un effet de caste puisqu’on sait que les enfants d’ouvriers ont beaucoup moins de chances de faire des études supérieures que les enfants de la grande bourgeoisie par exemple. Il y a donc en partie une hérédité des positions sociales.

À l’inverse, les catégories de sexe et de race correspondent à des oppressions statutaires : il n’y a pas de mobilité possible entre les différentes catégories.


Tu as contribué à l’élaboration de la notion de classe de sexe. Peux-tu en préciser le contenu et notamment ses rapports avec celle de classe sociale ou de classe de race ? Peut-on envisager un dépassement des classes de sexe, comme le marxisme l’envisage pour les classes sociales ?


C’est ce que j’ai montré dans L’Ennemi principal (t.. 1) : les femmes forment une classe parce qu’elles sont exploitées par les hommes, et le rapport d’exploitation crée des catégories, des classes, qui constituent aussi les groupes réels. Ce rapport d’exploitation (qu’on appelle le genre) fait advenir les femmes et les hommes. Mais il y a aussi un aspect de caste : on ne peut pas sortir de sa classe de sexe. Ce qui est à l’origine du genre, c’est l’exploitation.

Je ne parle pas de classe de race, mais de caste (cf. « La transmission héréditaire » in L’Ennemi principal, t. 1). Ce concept est beaucoup employé par la sociologie américaine à propos des Noirs et des Blancs. _ On peut dire que les populations « racisées » en France forment une caste. À propos de l’immigration, on a parlé à tort de la xénophobie qui s’exprimait à l’encontre des nouveaux arrivants, xénophobie qui s’effaçait avec les générations. Or, aujourd’hui, on parle « d’immigrés de la deuxième ou de la troisième génération » et une classe qui devient héréditaire, c’est une caste.

Les femmes forment à la fois une classe (de sexe) et une caste. Le genre fonctionne comme un statut social. Même s’il peut y avoir différents niveaux d’exploitation au niveau individuel, l’exploitation des femmes par les hommes reste patente au niveau collectif, notamment dans l’espace domestique. Ainsi, le fait qu’une minorité de femmes puisse échapper en partie à cette exploitation n’invalide pas la notion de classe de sexe.

Il y a donc une véritable lutte à mener. La disparition des classes viendra au terme d’une lutte qui n’est pas finie et n’a même pas vraiment commencé en ce qui concerne les classes de sexe. Avant de parler de dépassement, il faut arriver à la lutte, au combat. Le combat féministe est très mou aujourd’hui. Et ce n’est pas la faute de celles qui le mènent, mais de celles qui ne le mènent pas. La lutte, ce n’est pas dix militantes qui se battent avec une ministre de la condition féminine. La plupart des femmes ne font que de la résistance, en faisant des remarques à leur mari par exemple… grosso modo, elles acceptent les conditions.

Les femmes sont soumises à un lavage de cerveau permanent : on le voit bien quand l’idéologie de l’amour leur fait accepter l’exploitation, voire les coups, qui peuvent même les tuer. Les dominé-es sont aliéné-es. C’est horrible de voir des femmes battues qui disent malgré tout qu’elles ne peuvent pas imaginer de ne pas vivre en famille !


Comment articuler en particulier la question de la discrimination des sexualités minoritaires et le système patriarcal ? Les gays et les lesbiennes sont-ils et sont-elles exploité-es ?


On manque d’études là-dessus, sur à quel point les gays et les lesbiennes sont discriminé-es ou exploité-es à cause de leur sexualité. Mais on peut dire que l’oppression des gays et lesbiennes et de la sexualité en général sont les arcs-boutants d’une église dont la nef serait l’exploitation patriarcale. Infliger autant de punitions aux homosexuels, d’abord des punitions psychologiques… les jeunes gens se croient des monstres et on sait la solitude et les suicides que cela engendre… tout ça sont des choses qui poussent à l’hétérosexualité.

Et pousser à l’hétérosexualité, c’est pousser à l’exploitation patriarcale, d’un côté ou de l’autre. C’est donc une partie importante du patriarcat comme système et du système de genre.

Les conséquences matérielles de l’homophobie sont terribles pour les gays et les lesbiennes. Mais pour les femmes en général aussi. Car le but de l’opprobre jetée sur l’homosexualité et des conditions faites aux gays et lesbiennes, c’est de jeter les femmes dans les bras des hommes, et qu’elles en deviennent les servantes. C’est donc une oppression matérielle, mais qui a un but idéologique (dévaloriser les femmes), pour accomplir à son tour un but matériel : leur faire accepter leur exploitation. C’est terrible cette oppression quand on y pense… mais on n’y pense pas, c’est ça le problème ! Les femmes passent leur temps à penser à autre chose.

Peut-il y avoir une théorie commune à ces différentes oppressions ? Dans ton dernier ouvrage, tu montres que les différentes catégories d’autres contribuent à diviser les dominés, qui ne s’éprouvent pas solidaires les uns des autres. Peut-il alors y avoir une convergence des luttes entre les différents opprimés ?


Cela dépend de ce qu’on entend par théorie commune. En général, cela implique une lutte commune. Ça, je ne le crois pas. Même s’il y a des similarités de fonctionnement entre ces différentes oppressions, il n’y a pas de convergence d’intérêts des différents groupes d’opprimé-es. Ces oppressions nous traversent ; les hommes noirs hétérosexuels n’ont pas intérêt à lutter pour les femmes ou les homosexuels. Ces oppressions sont similaires, mais chacune est exclusive, donc elles provoquent des divisions à l’infini parmi les opprimés.

Je ne crois pas du tout à la convergence des luttes. En tout cas, je suis convaincue que la convergence des luttes n’est pas pour demain, parce que les sous-groupes créés par le croisement de ces hiérarchies sont antagonistes. Tout groupe masculin, dans n’importe quel sous-groupe, blanc, noir, riche, pauvre, est implicitement pour la domination masculine.

Cette divergence d’intérêts est bien réelle et visible à travers l’histoire. Ainsi, les hommes de la classe ouvrière, et ceux qui parlent en leur nom, ne veulent pas entendre parler de l’oppression des femmes. Pourquoi ? parce qu’elle leur bénéficie. Donc ils disent que les femmes sont certes opprimées, mais par le capitalisme, comme les hommes.

Que peut-il se passer alors ? Deux choses : soit les femmes acceptent cela, et se battent pour l’abolition du seul capitalisme. Il ne s’agit pas alors de convergence, mais d’alignement ou, plus exactement, de captation d’une masse de manœuvre, les femmes, pour un intérêt qui n’est pas le leur… ou qui est loin de résumer le leur, et qui ne fait aucun cas de leur oppression spécifique par leurs frères d’armes. Soit les femmes luttent, seules, contre leur oppression, et contre leurs frères d’armes. Si elles luttent assez, et que les hommes réalisent qu’ils ne pourront, seuls, renverser le capitalisme, alors ils peuvent mettre de l’eau dans leur vin, prendre en compte les revendications des femmes et renoncer à leurs privilèges patriarcaux.


Donc, deux leçons :

a) il n’y a pas de convergence sans d’abord une lutte séparée des groupes les plus opprimés, que les groupes moins opprimés veulent enrôler pour leur lutte.

Car les groupes les plus opprimés sont englobés dans les groupes les moins opprimés. On le voit très bien dans les luttes de libération nationale : il ne s’agit pas alors de la part des femmes d’une lutte féministe, mais d’une lutte pour des conditions minimales de vie : garder la terre, la maison, qui ne sont pourtant pas les leurs, mais celles des hommes dont elles sont la propriété. Mais justement parce qu’elles n’ont rien à elles, elles ont encore plus à perdre que ceux qui ont quelque chose.

b) la convergence commence quand, le groupe le plus opprimé ayant lutté, le groupe le moins opprimé (par exemple, les hommes dans une lutte de libération nationale) est obligé de faire des concessions, et d’échanger. Mais cet échange ne peut avoir lieu que si un rapport de forces a été construit.

Aussi, dans convergence des luttes, c’est sur le mot luttes qu’il faut mettre l’accent. ET aussi d’ailleurs sur le mot convergence : converger c’est se rencontrer alors qu’on vient de deux lieux différents. Une convergence qui s’établirait de prime abord ne serait pas une convergence mais une communauté d’intérêts. Donc dans convergence des luttes, ce qu’il faut voir, c’est qu’on a affaire à deux groupes qui n’ont pas les mêmes intérêts au départ et qui ont lutté chacun de leur côté, et ensuite, dans un deuxième temps, vont s’allier, chacun faisant des concessions, c’est-à-dire renonçant à certains de ses intérêts.

En ce qui concerne le féminisme anti-raciste, celui-ci est mené par le souci de s’allier avec toutes les femmes. Mais cela implique en retour de renoncer à la « supériorité » occidentale.
Toutes les féministes n’y renoncent pas, loin de là, et préfèrent garder les privilèges qu’elles partagent avec les hommes blancs. Il y a donc toujours échange et choix de ce qu’on échange : d’un côté on garde ses privilèges blancs en renonçant à une alliance plus vaste ; de l’autre, on privilégie cette alliance large au prix de perdre ses privilèges raciaux.

Il est certain que je choisis personnellement de ne pas utiliser les privilèges raciaux. Mais je ne me fais pas d’illusion sur la probabilité du renvoi d’ascenseur. Car ce sont toujours les groupes les plus opprimés qui font le plus de concessions, tandis que les groupes les moins opprimés en font le moins. C’est pour cela que je ne crois pas que la convergence des luttes arrive. Les groupes les plus proches de leur propre libération essaieront toujours d’y arriver tout seuls : soit en ne demandant rien aux groupes les plus opprimés, comme les femmes, soit même en incorporant celles-ci comme des esclaves au service de leurs intérêts.

Ainsi, en mettant en avant ceux qui sont dominants dans toutes les classifications : les hommes blancs, hétérosexuels et capitalistes, la propagande gauchiste exonère la responsabilité des hommes prolétaires et des hommes noirs ou arabes.

Cela ne signifie pas pour autant qu’on doive renoncer à l’universel. Il existe des tentatives pour reconstruire un autre universel : ce serait l’addition des différents points de vue et il n’y aurait pas cette catégorie d’absolu qu’on attribue à l’universel occidental dominant. Ce serait les points communs des différentes cultures et des différents peuples. Il y a une expérience de ce type aux Nations Unies : la commission des droits humains (abusivement appelée « commission des droits de l’homme ») tente de recenser les droits humains qui ne seraient pas culturellement spécifiques. Il existe certainement des valeurs universelles qui ne soient pas imposées par les Occidentaux.



Propos recueillis en février 2009 par Anne Arden (AL Paris Nord-Est) et Irène (AL Paris Sud).

dimanche 14 juin 2009

Coups de gueule! Halte au féminisme intégriste!

Ca fait un peu de temps que je n'ai pas écrit un peu sur ce blog, en doute sur mon engagement politique ces derniers temps, pas tant sur celui au sein des Alternatifs mais plutôt par rapport à la situation politique de notre côté de la gauche et les choix opérés par diverses organisations durant cette dernière période électorale...

Ces derniers temps, suite à la création du STRASS (voir article ci-dessous) nous étions quelques unEs plutôt sur une position pro-sexe vis à vis de la prostitution libre et choisie, à vouloir (re)lancer le débat au sein des Alternatifs sur la question qui n'a véritablement eu lieu que lors d'un atelier à l'Université d'été consacrée au féminisme d'août 2008, sinon acté il y a 10 ans en congrès enterrant les discussions depuis.

Nous nous sommes vuEs opposer une fin de non-recevoir affligeante dans une organisation se disant évolutive et démocratique, certainEs prétextant que la position abolitionniste, étant encore réaffirmée au dernier congrès, n'avait plus lieu de se poser. En effet lors du congrès des Alternatifs en automne 2008, un embryon de débat avait commencé à avoir lieu entre deux jeunes déléguéEs dont j'étais, aussi militants transpédégouines, et les membres de la commission féminisme, porteuses d'une ligne assez conforme à celle du féminisme officiel porté par le CNDF (abolitionnisme, victimisation, etc...). Très vite découragéEs, nous avons préféré reporté nos efforts pour un vrai débat promis par certaines membres de la commission féminisme au sein de l'organisation suite au Congrès. Autant vous prévenir qu'il n'eut jamais lieu, et pire je me heurtai à des réactions de censure lors de la publication de mon article relatif à la création du STRASS (ci-dessous) dans le Rouge & Vert, journal des Alters. Il donna suite à une réponse assez pitoyable et moraliste d'une des animatrices de la commission féminisme (le singulier du mot est ici important ;-) ) retraçant son parcours de militante pour tenter de justifier la position abolitionniste des Alters, et portant un jugement assez choquant sur des pratiques sexuelle telles que le bondage et le SM ou encore la pronographie. Comme si la prostitution ne se limitait qu'à ceci, et surtout comme si ces pratiques concernaient le politique et regardaient d'autres personnes que celles y ayant recours! C'est là qu'on voit le mieux la normalisation de la sexualité à l'oeuvre dans le milieu féministe officiel face laquelle se heurtent entre autres les militants féministes pro-sexe sur la question prostitutionnel.

Le tabou de la sexualité, défendue comme quelque chose d'intime, empreint de morale marxo-judéo-chrétienne, est ici clairement visible, et participe à la stygmatisation de certaines pratiques et personnes, montrées comme déviantes. C'est contre cela qu'il faut se battre, car si l'on suit cette voie, la condamnation de la transexualité et des homosexualités n'est plus très loin. Encore une fois je le répète à mes amies abolitionnistes : "Vous avez votre sexualité et vos pratiques, soit. Nous (trans, putes, pédés, gouines, bi, hardeurSEs, SM'...) en avons d'autres! Alors cessez de vouloir nous imposer la vôtre, en même temps que votre vision de LA femme!"

En effet, quelle difficulté les "féministes officielles" ont-elles à concevoir qu'existent différentes trajectoires pour touteS leS femmeS, aussi bien au niveau de la sexualité qu'au niveau culturel et religieux (le port de la burka ...). S'extraire d'une pensée ethno-centriste et néo-marxiste interprétant les relations entre hommes et femmes, et entre humains et religions, comme relevant forcément d'une exploitation (inconsciente) et d'une domination, se révèle presque impossible pour celles-ci. Beaucoup militent d'ailleurs depuis les années 60 et n'ont pas su voir les nouvelles problématiques féministes émerger et restent dans des paradygmes sociétaux dépassés...

Justement, la même commission féminisme plus tard publia un communiqué appelant les organisateurs du Printemps de Bourges à déprogrammer Orelsan à cause des propos sexistes (pas un mot sur les propos homophobes) tenues dans certaines de ses chansons. Il est révoltant mais tellement caractéristique de ce milieu féministe d'appeler à la censure d'un artiste. Il eut été mille fois plus efficace d'appeler Orelsan à s'expliquer et à débattre, ou si refus au boycott de ses chansons, pour dénoncer ce genre de propos et entraîner une prise de conscience sur le sujet des violences contre les femmes.

La censure n'a été et ne sera jamais une bonne solution. La liberté d'expression et de création doit être respecté le plus possible, sinon l'on risque d'aboutir à des situations de stygmatisation et de victimisation de ces artistes, leur offrant une porte d'entrée à la médiatisation encore plus grande... Je ne citerai que l'exemple de Dieudonné pour montrer cela et les scores non-négligeables qu'il a pu faire dans les quartiers populaires de région parisienne, et ce grâce à son combat contre le communautarisme et la censure dont il dit avoir fait l'objet, ravivant ainsi l'antisémitisme dans certains milieux très particuliers du combat post-colonial. On en avait vraiment pas besoin...

Au-delà de la question de la censure, se pose surtout celle de la vision des femmes que défendent ces féministes. Une vision paradoxalement anti-féministe car justement victimisante, un féminisme essentialiste qui en vient à considérer le fait d'être victime comme la nature même de la femme, entre autres caractéristiques. Certes seul le fait d'être de manière générale dominées, exploitées et discriminées fait des femmes une catégorie en tant que telle, la division genrée n'ayant aucun fondement en terme biologique ou psychologique (voir articles plus bas), mais cela n'est en aucun cas un trait caractéristique à toutes les relations et activités entre hommes et femmes.

lundi 30 mars 2009

Prostitution = Auto-organisation

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Création du STRASS : Les TravailleurSEs du sexe s’auto-organisent et reprennent la parole

Le vendredi 20 mars 2009 aura vu naître un nouveau syndicat en France...
Loin des vieilles organisations de type ouvriériste classiques chez nous, il s’agit d’un syndicat autogéré... le STRASS, autrement dit le Syndicat du TRAvail Sexuel.

C’est lors des récentes Assises européennes de la prostitution de 2009 qu'il fut inauguré, en présence de nombreuses délégations d’associations de défense des droits des travailleurSEs du sexe du monde entier (Espagne, Belgique, Suisse, Italie, Egypte, Canada, Mexique...) venues apporter leur soutien et témoigner de leurs conditions d’exercice et expériences diverses face à la répression.

Pour fournir au STRASS de solides bases revendicationnelles, des débats de qualité eurent lieu en atelier toute la matinée.
Entre autres sujets, fut abordée la place des putes dans la prévention face aux IST et pratiques à risque, dans laquelle elles jouent un rôle de première place et affirment faire partie de la solution.

Un autre atelier était consacré aux revendications des "putes" en termes de droits sociaux, notamment dans le nouveau contexte induit par la LSI de 2003 (Loi Sarkozy, "Loi réprimant le racolage passif") qui sous couvert de lutte contre le proxénétisme et la traite, ne vise que des objectifs de lutte contre l‘immigration, et accentue au contraire les risques courus par les prostituéEs en les criminalisant directement ou indirectement (c’est-à-dire au travers des clients), tant au niveau sanitaire, des violences (des policiers ou clients) que des réseaux de proxénétisme et d‘esclavage humain.
-Le débat autour du statut à reconnaître aux prostituéEs déboucha par un assez large consensus sur celui de travailleurSEs indépendantEs, pour que la loi empêche toute exploitation de leur travail par proxénetisme ou salariat, tout en reconnaissant leur profession, pour laquelle elles côtisent déjà auprès de l’URSSAF, mais en contre-partie de quoi elles ne perçoivent que très peu de prestations sociales (retraites dérisoires, couverture sociale...), ce qui ne peut que les rendre plus précaires et fragiles encore.
-Fut aussi abordé le problème des conjoints masculins de prostituéEs, qui, s’ils vivent sous le même toît et ne peuvent justifier de revenus, peuvent être inculpés de proxénétisme de soutien, l‘inverse étant impossible.
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Le dernier atelier, portant sur l’organisation voulue par et pour les sex workers, vint clore des mois de travail et collaboration entre magistrats, juristes et associations de professionnelLEs du sexe pour contourner la loi contre le racolage passif et créer les statuts du premier syndicat de travailleurSEs du sexe en France, où la prostitution n’est pas officiellement interdite.
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Ce syndicat, qui en deux jours d’existence compte déjà plus de deux cent adhérentEs et plusieurs fédérations en France ainsi qu’à l’étranger, a été véritablement conçu comme un outil au service de l’auto-organisation des sex workers. Il devrait leur permettre de reprendre la parole dans le débat public sur la prostitution, depuis trop longtemps accaparé par les "experts" (médecins, catholiques, abolitionnistes...) parlant à leur place, et ainsi les aider à lutter contre l’opprobre morale à l’encontre de leurs activités qui les place soit dans le rôle de victimes, soit comme modèle repoussoir pour toute femme respectable...
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Enfin le STRASS a été créé comme un outil de plus contre le proxénétisme, l’esclavage et la traite des êtres humains ainsi que l’exploitation sexuelle des enfants, en tant que lieu de réflexion et d’élaboration d’une prostitution autogérée et choisie. La piste de la création de coopératives composées de travailleurSEs s’associant librement a d’ailleurs été sérieusement soulevée.


L’auto-organisation généralisée de la société commencera-t-elle par le travail du sexe?

Nathou

(* article extrait du dernier Rouge & Vert)

vendredi 6 mars 2009

Grèves et orgasmes : we need a Grrrévolution !

Et oui les re-belles, le fond de l'air n'est plus rose bonbon... Nous sommes dans une période de grand recul social. Le libéralisme et ses chantres s’attaquent à tous nos droits : sécurité sociale, retraites, droit à l’éducation, droit de grève, expulsion des sans-papierEs, autonomie des universités, suppression des plannings familiaux...


Les plus touchéEs sont les femmes, les trans, les gouines, les pédés, les issuEs de l’immigration et de la colonisation, les malades, les séropoTEs, les jeunes … bref la précarisation s’attaque avant tout à celles et ceux qui subissent une double voire une triple oppression.
Nous sommes les premières à occuper les emplois instables et sous-payés (CDD non-renouvelés...). Avec la crise, les travailleurSEs précaires sont les plus victimes de l’exclusion du marché du travail. En tant que féministes, nous devons dès à présent nous battre pour stopper cette politique de casse sociale.
Pour ce faire, il faut nous mettre en grève et étendre le mouvement à l’ensemble de la société en étant nombreuses, unies et solidaires de toutes les revendications qui vont dans le sens de l’émancipation sociale.

On est folles et hystériques : t’as un problème ?

Un mouvement peut aussi reproduire les oppressions... Les slogans comme « Sarkozy on t’encule », « Pecresse serre les fesses, on arrive à toute vitesse », « on se fait baiser par le gouvernement » sont sexistes et homophobes car ils donnent une image négative de la passivité et donc souvent de la sexualité des femmes et des pédés. Nous on aime bien se faire baiser ! Donc quand tu dis ça, tu nous exclus. Tu nous donnes pas envie de faire la grève avec toi.

Les grèves, ça change les genTEs. Tu deviens plus ouvertE sur les autres, tu réfléchis. C’est un moment propice à la réflexion collective et personnelle et au développement de mouvements de libération sexuelle comme ce fut le cas avec la 2nde vague féministe des années 60 et 70 qui est née dans un contexte de contestation sociale globale. En remettant en cause l'ordre social, on a l'occasion rare de construire un mouvement qui remette en cause aussi tous les mécanismes de domination.

Alors fais gaffe à ce que tu dis, range ton virilisme dans ta poche.
Et lutte avec nous! UnE autre monde est possible…


Chacha et Nathou
* Extrait du prochain MEG (Magazine d'Etudions Gayment)

mercredi 11 février 2009

Genre! t'es un mec?! Prouve le moi...


La société dans laquelle nos mamans nous ont forcéEs à vivre en nous laissant être arrachéEs si injustement de leur utérus, est, vous l'aurez remarqué, basée sur une séparation entre deux catégories de personnes que l'on appelle soit "hommes" soit "femmes" selon qu'elles aient un truc qui dépasse ou un trou entre les jambes.
Cette division de la société en deux paraît relever du sens commun, on y réfléchit pas naturellement, elle existe c'est comme ça...

C'est sûrement qu'il y a des raisons!
Et quand on demande lesquelles ça pose un petit problème...



(Se) Repoduire sans réfléchir

On est souvent confronté à des réponses du genre : "bah les femmes ont un vagin et les hommes ont un pénis!" Ouah! , ou encore : "les femmes sont plus fragiles, du coup la société s'est organisée sur ça en laissant les travaux les plus durs aux hommes". Au delà du fait que je pourrais leur rétorquer qu'ils n'ont jamais vu ma soeur, on pourrait opposer à ces personnes que même si c'était vrai, aujourd'hui les travaux étant moins physiques et plus intellectuels, pourquoi une telle division existe encore?
Pourquoi cette division sociétale basée sur la présence ou non d'un appendice en dessous de la ceinture?

Et oui, la vraie raison se trouve ailleurs... dans la domination d'une catégorie sur une autre créée pour l'occasion, afin de répartir le travail et refiler à la femme les tâches ingrates... Marx (Karlos pas Groucho) lui-même disait que "la femme est le prolétaire de l'homme"...

Du coup, pour légitimer et lui faire accepter sa domination, on a attribué à la femme plein de qualités censées lui être naturelles comme la fragilité, la coquetterie, la soumission, la timidité, la discrétion, la douceur, à l'opposé du stéréotype de l'homme se définissant par sa force, son courage, sa violence : "Montre que t'es un mec, que t'as des couilles!". Tout ça a été intégré dans nos manières de penser, alors on reproduit cela inconsciemment en achetant aux petits garçons des poupées GI Joe, quitte à légitimer des attitudes violentes plus tard vis à vis de leurs femmes (puisque ce modèle a forcément l'hétéronormie comme pendant : être homo ou bi c'est être une fiotte, un sous-mec, une femme quoi!), et en offrant aux petites filles des poupées Barbie pour leur apprendre à être belles en toute circonstance, à disposition de leur mari, et à subir sans rien dire ses violences ou ses envies... Et si fifille ne se révèle pas conforme à cela, on dira d'elle qu'elle est un garçon manqué, et plus tard qu'elle est sûrement lesbienne (oui, ce système est aussi synonyme d'homo/lesbophobie).
Des chercheurs ethnologues ont pourtant trouvé des peuples en Océanie chez lesquels les caractéristiques sociétales étaient inversées entre les sexes, entre les femmes autoritaires et violentes qui dirigeaient la tribu, et les hommes coquets et soumis. Comme quoi ces comportements ne sont pas si naturels et universels que ça!

Une science phallocrate, sans fondements et orientée

Mais le plus intéressant est que cette division biologique entre deux sexes n'est même pas fondée scientifiquement, puisqu'il y a une faible mais non-négligeable proportion de la population qui, quand elle naît a "les deux" sexes au niveau génital (pénis plus vagin) ou chromosomique (XXY), ce qu'on appelle les personnes intersexes, sur qui les médecins s'autorisent (avec l'accord des parents souvent mal informés), à déterminer arbitrairement par la chirurgie le sexe qu'ils/elles auraient pu choisir plus agéEs.

Alors nos chercheurs inquiets de voir les bases de leur éducation et petit monde sans fondement, s'acharnent à vouloir trouver sans réussir ce qui pourrait différencier l'homme de la femme. Mais que ce soit par les caractéristiques hormonales, morphologiques, ou génétiques, qu'on définit de manière conditionnée comme soit masculines soit féminines (les chercheurs aussi font partie de la société et ont été socialisés), on aboutit à, à peu près, 20% de la population "sexes confondus" qui réunissent différentes caractéristiques masculines ou féminines, et donc à des hommes (de par leur pénis) qui sont de par leur corps, leurs hormones ou leurs gènes plus féminins que des femmes et vice versa.
Pourquoi baser alors une séparation en deux de l'humanité sur l'existence d'un vagin ou d'un pénis, plutôt que sur la longueur des lobes d'oreilles ou la couleur de ses yeux? Est-ce que ça a plus d'importance?
Est-ce que l'on doit tout baser sur le critère reproductif? Les femmes et les hommes ménopausées et/ou stériles ne seraient alors plus vraiment ni des hommes ni des femmes. Et le rapport sexuel ne serait alors plus que procréatif? Amen! dirait le freaky-sex Beuh-noix XVI!

Diviser pour mieux régner

Ce qu'il faut retenir c'est que dans tous les cas, catégoriser c'est hiérarchiser. L'instauration de la division en deux sexes de l'humanité est originellement et sera toujours un instrument de domination. Et à partir du moment où on s'est permis de soumettre la moitié de l'humanité à l'autre, la voie était ouverte à n'importe quelle autre discrimination et domination, comme ce fut le cas par la suite avec la création des races, à partir de laquelle on a justifié l'esclavage ou plus tard la colonisation... Dans les deux cas on retrouve la domination du modèle de l'"homme blanc, occidental, chrétien, hétérosexuel et économiquement performant".
Comme il n'y a pas cinq ou six races mais une race humaine, il n'y a pas deux genres mais le genre humain, et autant de sexes qu'il y a d'individuEs... Alors pourquoi se sentir mal dans sa peau en essayant de coller à un stéréotype caricatural et inaccessible qui ne nous convient pas, alors que nous pouvons être nous même en créant notre propre identité en dehors des constructions sociales qui brident notre bonheur et notre épanouissement?


Nathou (humain à kekette, yeux noisettes et longs lobes d'oreilles)


* article extrait du prochain MEG (Magazine d'Etudions Gayment)

vendredi 28 novembre 2008

PartiS de gauche... mais arrivés où?

Pourquoi je ne suis pas républicain...

Oui je sais, ça peut paraître étrange comme affirmation pour une personne de gauche... Mais rassurez-vous je ne suis ni devenu monarchiste, ni poujadiste!
Non, je parle des républicains de gauche que l'on peut retrouver au MRC, au PRS et maintenant au Parti de Gauche créé à l'initiative de Mélenchon qui voudrait en faire le fer de lance du socialisme républicain français... Atchoum! Excusez moi, je suis allergique à la poussière!

Bien sûr j'en parle à cause de l'actualité de la création du PdG, dont on entend plus parler que la fédération de la gauche alternative (vous connaissez la théorie de l'écran de Debray? On passe mieux à la télé lorsqu'un mouvement est personnalisé), mais pas seulement... Ce soir est sortant du métro je me suis fait littéralement sauté dessus par une dame d'une cinquantaine d'années (oui oui, une fois n'est pas coutûme) qui voulait me refourguer un tract pour la création du Parti de Gauche et sa grande "inauguration" (le vocabulaire entrepenarial est volontaire) avec la venue d'outre-Rhin d'Oskar Lafontaine. Cette femme m'apprendra par la suite qu'elle vient du MRC de Chévènement (oui encore une figure).
Instinctivement je lui réponds que ce n'est pas la peine, que je connais et que ça ne m'intéresse pas étant militant antiraciste et autogestionnaire (j'aurai pu rajouter écolo), mais que ça n'empêche pas qu'on travaille ensemble comme pour les européennes :

Elle insiste, et me dit " les républicains ne sont pas racistes!"
- "Je n'ai pas dit ça", lui réponds-je, "c'est simplement que les valeurs républicaines de laïcité négative, ethno-centrées sont pour moi incompatibles avec l'engagement antiraciste. Et puisque vous me parlez de Chévènement, n'est-ce pas de lui l'expression "les sauvageons" en parlant des jeunes des quartiers?""
-"Oui oui mais c'est vrai que c'est une population qui a besoin d'être éduquée, les parents ne font plus leur boulot!" me rétorque t-elle.
- "C'est un discours de droite ça madame, voire colonialiste, c'est avec ces mots qu'on cautionnait l'invasion des terres et l'exploitation des peuples pour leur transmettre les "valeurs universelles" portées par la République". Je continue, " vous ne pensez pas que ces parents aimeraient passer plus de temps dans leur famille, ou avoir les moyens d'éduquer leurs enfants pour qu'ils ne fassent pas de bêtises, mais qu'on les enferme dans cette précarité ghettoïsante?"
- "Non la délinquance est quelque chose que l'on ne peut pardonner ou justifier, la gauche ne doit pas être la parti des délinquants"
- "Ah vous ne pensez pas qu'il y a un déterminisme social, comme dit Bourdieu, à la délinquance? Sans aller jusque pardonner, ne peut on pas relativiser ces actes?"
- "Non, je suis une femme et je n'ai pas envie de me faire violer en me balladant dans la rue par un islamiste!"
CQFD! La droite (et ses amalgames xénophobes) a de beaux jours devant elle... même à gauche!

On a pas abordé la question de l'autogestion et du centralisme démocratique, et tant mieux; j'ai préféré partir désespéré par ces derniers mots
Il serait vraiment temps que tou-te-s les militant-e-s des quartiers investissent le champ politique et y prennent la parole pour combattre la xénophobie latente dans la société, et surtout dans le milieu militant de gauche!

Comme quoi, que ce soit le socialisme républicain ou le trotskysme, les idéologies passéistes et poussièreuses de gauche ne sont pas prêtes de disparaître...
J'espère que la fédération de la gauche alternative à venir sera un outil pour combattre ces idées, comme l'on combat le capitalisme et ses ravages. La tolérance et l'ouverture des esprits et des cultures sera une des clefs de la paix du monde à venir.