vendredi 13 juin 2008

Deutsche Hoffnung, Irish Time : En France, c'est à nous de jouer!

Enfin un peu d'air venu d'outre manche! Bienvenu d'ailleurs dans ce contexte très français d'étouffement et d'impuissance de beaucoup face au contexte politique actuel.

En effet, encore une fois un peuple d'Europe vient de montrer son refus de voire construire l'Europe sans lui!

Cet évènement qui marque encore un coup dans la construction "par le haut" que ces messieurs les technocrates voulaient nous imposer peut nous réjouir pour de multiples raisons...

Une première plus irlandaise, est qu'initiée par les forces de gauche et associatives comme ATTAC, une nouvelle culture d'éducation populaire vient de naître en Irlande avec, à l'image des collectifs du 29 mai en France, la création de comités où étaient expliqués aux citoyens le contenu et les implications du Traité de Lisbonne. Un moment d'union des forces, de réflexion et de vigilance citoyenne qui a payé!

La deuxième chose rèside dans la raison principale ayant mené les Irlandais à voter NON, qui est le manque de clarté volontaire du texte et surtout le manque d'explication de la part des autorités. L'absence totale de concertation avec les peuples pour sa rédaction, entre experts et politiciens hauts placés et aguéris, y a sans doute participé.

Ainsi grâce à ce vote se rouvre une brèche d'espoir, de construire une alternative à ce système européen et ses pratiques anti-démocratiques.

Déjà en France, nous pourrions commencer par exiger la tenue d'élections dans tous les pays pour la constitution d'une assemblée constituante européenne.
Les forces de gauche doivent s'allier pour l'exiger, au risque de voir encore une fois, comme après 2005, s'éteindre l'espoir d'une alternative crédible au système capitaliste et libéral français et européen.

Pourquoi le peuple accepterait-il en effet de sortir du jeu de l'alternance sans fin entre un libéralisme soft se réclamant de gauche car agrémenté d'une légère sensibilité sociale pour faire bonne figure face à un néo-libéralisme affublé de conservatisme social, si une force suffisamment large et crédible n'est pas en capacité ou n'a pas la volonté de prendre le pouvoir?


Bientôt plusieurs échéances importantes vont avoir lieu à gauche, tout d'abord les différents congrès (PCF, PS...), la constitution du NPA, et les Etats Généraux de la gauche de transformation sociale et écolo.

Oui j'ai cité le congrès du Parti Socialiste, ce n'est pas une blague! Car contrairement à beaucoup de militants d'extrème gauche, je ne pense pas qu'il faille arrêter de regarder ce qui se passe du côté du PS. En effet, les luttes intestines entre différentes personnalités a de quoi dégouter. Mais derrière cette bataille très médiatique de l'élection du nouveau secrétaire du Parti, se cache un autre enjeu tout aussi important...

Celui de l'avenir de la gauche du PS, ou plutôt de ses militants, de plus en plus isolés au sein du parti où lorsque l'on a pas de relais médiatique grâce à une des personnalités on n'existe pas.

Le jeu est déjà fait d'avance : la bataille des personnalités va se terminer, peut être avec une surprise, avec l'élection de la nouvelle star du PS mais derrière le débat d'idée n'aura pas eu lieu.
C'est-à-dire la question de l'orientation à donner au parti est essentielle, et plus précisèmment l'attitude de la gauche du PS et de ses militants, suite à l'orientation toujours plus libérale que le PS prend en douceur et de manière détournée avec l'accession à la parole médiatique de nouveaux éléphants toujours plus délavés, et éloignés des idéaux de partage des richesses.

Et oui, ça peut paraître paradoxal, de demander de prêter attention à ce qui se passe au PS, alors qu'on sait que l'issue du Congrès sera de toute façon décevante.

Pourquoi s'y intéresser alors?

Et bien car l'on (les forces et militants de la gauche de gauche) a une occasion unique de créer cette force large et diverse dont l'on rêve, allant des socialistes antilibéraux aux militants d'extrème-gauche en passant par les communistes, les altermondialistes et les écologistes...

Comment?

En amenant le débat jusqu'à ces socialistes antilibéraux sur l'inutilité du Parti Socialiste dans le débat social des années à venir, afin que l'aile gauche du Parti se désolidarise de la ligne majoritaire ayant accepté le diktat du marché, pour rejoindre les forces antilibérales à sa gauche.

C'est pour cette raison qu'il faut aussi être attentif au Congrès extraordinaire du PCF de la fin d'année. En effet, il est évident que les idées et le mouvement communistes doivent avoir leur place à part entière dans une éventuelle nouvelle force unifiée de gauche antilibérale. De par l'histoire de ce parti, son ancrage local et son implication dans les luttes salariales ou démocratiques, ses traditions, son analyse très pertinente sur le monde du travail.

Jamais l'existence et l'utilité du Parti Communiste n'a d'ailleurs jamais été autant remise remise en cause au sein de celui-ci comme à l'extérieur. On voit très bien tous les jours qu'il n'est plus à même de porter les aspirations de transformation sociale comme il le faisait avant 1968.

Est de plus en plus partagée au-delà d'une simple refondation, le minimum faisant consensus, la nécessité de depasser la forme actuelle du parti pour l'intégrer dans une force plus large.
Mais il ne faut pas ignorer les forces du statu quo à l'oeuvre dans celui-ci. C'est le problème des structures politiques qui sont faites pour perdurer lorqu'elles prennent le dessus sur les militants d'une force politique comme c'est le cas au PCF.


Le point d'interrogation reste l'attitude du futur NPA dans la constitution d'une telle force. En effet certains grands pontes de la LCR disent ne pas vouloir d'un " Die Linke" à la française, en référence au nouveau parti de gauche allemande alliant aile gauche de la social-démocratie allemande détachée du SPD (équivalent du PS français), le PDS hérité de l'ancien parti communiste allemand et le WASG parti d'extrême gauche fondé par des syndicalistes très impliqués dans les mouvements salariaux.. En effet ceux-ci disent ne pas vouloir s'allier à la social-démocratie fusse-t'elle antilibérale. Un relan de la théorie avant-gardiste et révolutionnaire d'antan contre l'ordre bourgeois, comme quoi il reste du boulot du côté de la ligue.

D'ailleurs je pense qu'on peut aisément tirer une leçon du processus de construction de Die Linke, qui a commencé par l'alliance des anciens communistes de l'Ouest avec ceux de l'Est, pour enfin créer une organisation commune avec la gauche du SPD menée par l'ancien dirigeant socialiste Oskar Lafontaine. Puis au fil des élections et des combats communs, face au succés de la nouvelle alliance, bientôt le WASG conclût des accords avec le PDS dans de nombreuses échéances régionales et locales, jusqu'à que l'alliance avec le WASG soit définitivement conclue avec la création de Die Linke.

Pourquoi ne pas penser que l'on puisse suivre le même chemin en France. C'est-à-dire, l'unification dans une seule forces des socialistes antilibéraux, des communistes, des altermondialistes et des écologistes radicaux. Ainsi peut être cela poussera le NPA a envisager une alliance avec cette nouvelle force. Mais il faut admettre cette différence entre le WASG et la LCR/NPA, que cette dernière bénéficie d'une plus grande popularité grâce à son porte-parole Olivier Besancenot qui peut pousser son parti à avoir plus de prétentions et considérer sa nouvelle force comme suffisante.


Pour finir, afin de faire face au danger de voir une nouvelle structure rigide prendre place dans cette éventuelle nouvelle force, s'il y a un point que nous, militants alternatifs et des collectifs unitaires, ne devont concéder c'est bien celui de l'autogestion et du fédéralisme. C'est le meilleur moyen de rester à la pointe de la démocratie en interne, et de participer à faire de notre autre politique, une politique autrement.

dimanche 1 juin 2008

LCR, Nulle Part Ailleurs?

Pourquoi je ne prendrai pas parti...


L'évolution de l'aventure NPA ces derniers temps m'a amené à beaucoup m'interroger...

La nouveauté que représente l'initiative de la LCR dans le paysage de la gauche de la gauche est très attrayante : "enfin du neuf à gauche, enfin ça bouge" j'ai pu entendre chez les plus jeunes comme chez les plus vieux.

Même si je pense qu'une refondation de la LCR était plus que d'actualité pour abandonner les archaïsmes d'extrème-gauche hérités de la tradition trotskyste et intégrer une réflexion plus complète sur l'écologie, je pense qu'on doit prendre cette initiative pour ce qu'elle est en réalité.

En dépit des discours qu'on a pu beaucoup entendre sur la diversité et la largeur du mouvement en construction, la réponse de la LCR à la tribune accordée dans Rouge à la coordination nationale des "collectifs unitaires pour une alternative au libéralisme"*, a de quoi ramener à la réalité.

C'est toujours dans une pureté révolutionnaire que la LCR, principale composante du parti anticapitaliste en devenir, renvoit ses voisins qui ne pensent pas comme elle à des traîtres à la cause ou à des sociaux-libéraux en critiquant les alliances aux municipales de certains collectifs ou de groupes locaux des Alternatifs comme à Nantes. En amalgamant enjeux et bilans locaux à la politique nationale, la LCR essaie de brouiller les cartes et montre encore une fois son intolérance.

Pourquoi se priver de voler une mairie à la droite en co-gestion avec une équipe issue de la gauche plurielle, si on le fait dans le respect de nos idées antilibérales et principes comme l'ont jugé bon de le faire le groupe local des Alternatifs à Nantes qui ont soutenu dès le premier tour la liste de rassemblement à gauche conduite par M. Ayrault?

Dans le "sud fasciste" comme j'aime à dire, de la Côte d'Azur d'où je viens, les scores de la gauche, de l'extrème-gauche et des écolos réunis ne dépassent pas 20%. Est-ce que, car au niveau national le PS est majoritairement dans une ligne social-libérale, on doit refuser tout alliance locale avec lui par idéologie si on a l'occasion de créer un groupe d'opposition à la mairie ou même de l'emporter en conformité avec nos valeurs?
C'est la même chose pour les petites villes ou les villages...

Alors oui, en effet Jean-Marc Ayrault au niveau national est porteur d'une politique d'acceptation du libéralisme, mais est-ce qu'on doit accepter l'amalgame avec la politique municipale nantaise, dont je souhaite rappeler à la LCR, se décide en Conseil Municipal et non par un seul homme qu'est le maire. Les Alternatifs nantais ont jugé positif le bilan de la municipalité sortante tant au niveau social, écologique que démocratique, et alors? Est-ce si étonnant qu'une municipalité socialiste puisse avoir un bon bilan?

A un moment je crois qu'il faut savoir mettre les mains dans le cambouis pour changer la vie des gens. Ou alors on peut toujours attendre le grand soir, mais à ce moment-là quelle posture malhonnête ce serait vis à vis des gens qu'on dit défendre et qu'on laisserait mourir de faim...

Une valeur qui m'a fait adhérer aux Alternatifs et non à la LCR, c'est leur fonctionnement basé sur le fédéralisme et l'autogestion : la souveraineté des groupes locaux pour les questions locales.
La conduite des Alternatifs lors des dernières élections municipales à Toulouse a d'ailleurs été exemplaire. Effectivement la liste conduite par la LCR que soutenaient les Alternatifs 31 était en concurrence avec celle de l'AMP (Alternative en Midi-Pyrénées) soutenue elle par les groupes Alternatifs des autres départements de la région. Mais en aucun cas le choix des Toulousains n'a été remis en cause par la coordination nationale des Alternatifs, contrairement à ce qui s'est passé lors des législatives de 2007 à Clermont-Ferrand où la direction nationale de la LCR parachuta une candidate (fidèle à la position nationale) contre le candidat LCR choisi par la fédération locale, Alain Laffont, qui avait fait le choix de faire la campagne Bové... Bref un centralisme assez peu démocratique inquiétant...

Ainsi la dépermanentalisation de Christian Picquet (bien que je sois en désaccord avec ce système), représentant de la tendance unitaire de la LCR, atteste de la vision de la démocratie interne de ce parti et du manque de respect des minorités politiques en son sein.

Comment ne pas craindre alors que de telles pratiques se reproduisent au sein du NPA où la LCR est volontairement la seule force organisée?

Une chose que je reproche au projet NPA, c'est que la LCR cherche à construire autour d'une stratégie, de sa vieille stratégie. Mais la stratégie anti-PS n'est pas un programme, et hélas cela constitue le préalable à la constitution du nouveau parti, sans discussions possibles. Ce que je reproche aux "ex-unitaires" ayant rejoint ce processus, c'est d'oublier qu'en décembre 2006, nous refusions la candidature de Marie-George Buffet à la présidentielle, sous prétexte que nous ne pouvions construire le rassemblement des forces antilibérales autour d'une seule force aussi gros que ce soit le PCF et qu'aujourd'hui, certains espèrent construire une force large et diverse autour de la seule LCR, pourtant beaucoup plus modeste, sous prétexte que son porte-parole Olivier Besancenot très médiatique devient de plus en plus populaire.
Sur ce point là, je reproche aussi à ces ex-unitaires, d'oublier ce que l'on portait dans les collectifs unitaires à propos du refus de la personnalisation de la vie politique. Force est de constater que ce parti se construit autour de sa personnalité. On ne fera pas d'autre politique sans faire de politique autrement...

Tant que la LCR n'aura pas fait son auto-critique, admis ses erreurs, respecter et essayer de comprendre le choix des autres forces, elle ne pourra avancer et proposer une vraie alternative, NPA ou pas. ;-)
Aujourd'hui plus que jamais, la construction d'une force large et diverse, antilibérale, anticapitaliste, altermondialiste est possible, c'est ce à quoi travaillent les Alternatifs et les collectifs unitaires, mais pour cela il nous faudra à tou-te-s abandonner nos sectarismes.



* Tribune des Collectifs et réponse de la LCR disponibles ci-dessous.