dimanche 14 juin 2009

Coups de gueule! Halte au féminisme intégriste!

Ca fait un peu de temps que je n'ai pas écrit un peu sur ce blog, en doute sur mon engagement politique ces derniers temps, pas tant sur celui au sein des Alternatifs mais plutôt par rapport à la situation politique de notre côté de la gauche et les choix opérés par diverses organisations durant cette dernière période électorale...

Ces derniers temps, suite à la création du STRASS (voir article ci-dessous) nous étions quelques unEs plutôt sur une position pro-sexe vis à vis de la prostitution libre et choisie, à vouloir (re)lancer le débat au sein des Alternatifs sur la question qui n'a véritablement eu lieu que lors d'un atelier à l'Université d'été consacrée au féminisme d'août 2008, sinon acté il y a 10 ans en congrès enterrant les discussions depuis.

Nous nous sommes vuEs opposer une fin de non-recevoir affligeante dans une organisation se disant évolutive et démocratique, certainEs prétextant que la position abolitionniste, étant encore réaffirmée au dernier congrès, n'avait plus lieu de se poser. En effet lors du congrès des Alternatifs en automne 2008, un embryon de débat avait commencé à avoir lieu entre deux jeunes déléguéEs dont j'étais, aussi militants transpédégouines, et les membres de la commission féminisme, porteuses d'une ligne assez conforme à celle du féminisme officiel porté par le CNDF (abolitionnisme, victimisation, etc...). Très vite découragéEs, nous avons préféré reporté nos efforts pour un vrai débat promis par certaines membres de la commission féminisme au sein de l'organisation suite au Congrès. Autant vous prévenir qu'il n'eut jamais lieu, et pire je me heurtai à des réactions de censure lors de la publication de mon article relatif à la création du STRASS (ci-dessous) dans le Rouge & Vert, journal des Alters. Il donna suite à une réponse assez pitoyable et moraliste d'une des animatrices de la commission féminisme (le singulier du mot est ici important ;-) ) retraçant son parcours de militante pour tenter de justifier la position abolitionniste des Alters, et portant un jugement assez choquant sur des pratiques sexuelle telles que le bondage et le SM ou encore la pronographie. Comme si la prostitution ne se limitait qu'à ceci, et surtout comme si ces pratiques concernaient le politique et regardaient d'autres personnes que celles y ayant recours! C'est là qu'on voit le mieux la normalisation de la sexualité à l'oeuvre dans le milieu féministe officiel face laquelle se heurtent entre autres les militants féministes pro-sexe sur la question prostitutionnel.

Le tabou de la sexualité, défendue comme quelque chose d'intime, empreint de morale marxo-judéo-chrétienne, est ici clairement visible, et participe à la stygmatisation de certaines pratiques et personnes, montrées comme déviantes. C'est contre cela qu'il faut se battre, car si l'on suit cette voie, la condamnation de la transexualité et des homosexualités n'est plus très loin. Encore une fois je le répète à mes amies abolitionnistes : "Vous avez votre sexualité et vos pratiques, soit. Nous (trans, putes, pédés, gouines, bi, hardeurSEs, SM'...) en avons d'autres! Alors cessez de vouloir nous imposer la vôtre, en même temps que votre vision de LA femme!"

En effet, quelle difficulté les "féministes officielles" ont-elles à concevoir qu'existent différentes trajectoires pour touteS leS femmeS, aussi bien au niveau de la sexualité qu'au niveau culturel et religieux (le port de la burka ...). S'extraire d'une pensée ethno-centriste et néo-marxiste interprétant les relations entre hommes et femmes, et entre humains et religions, comme relevant forcément d'une exploitation (inconsciente) et d'une domination, se révèle presque impossible pour celles-ci. Beaucoup militent d'ailleurs depuis les années 60 et n'ont pas su voir les nouvelles problématiques féministes émerger et restent dans des paradygmes sociétaux dépassés...

Justement, la même commission féminisme plus tard publia un communiqué appelant les organisateurs du Printemps de Bourges à déprogrammer Orelsan à cause des propos sexistes (pas un mot sur les propos homophobes) tenues dans certaines de ses chansons. Il est révoltant mais tellement caractéristique de ce milieu féministe d'appeler à la censure d'un artiste. Il eut été mille fois plus efficace d'appeler Orelsan à s'expliquer et à débattre, ou si refus au boycott de ses chansons, pour dénoncer ce genre de propos et entraîner une prise de conscience sur le sujet des violences contre les femmes.

La censure n'a été et ne sera jamais une bonne solution. La liberté d'expression et de création doit être respecté le plus possible, sinon l'on risque d'aboutir à des situations de stygmatisation et de victimisation de ces artistes, leur offrant une porte d'entrée à la médiatisation encore plus grande... Je ne citerai que l'exemple de Dieudonné pour montrer cela et les scores non-négligeables qu'il a pu faire dans les quartiers populaires de région parisienne, et ce grâce à son combat contre le communautarisme et la censure dont il dit avoir fait l'objet, ravivant ainsi l'antisémitisme dans certains milieux très particuliers du combat post-colonial. On en avait vraiment pas besoin...

Au-delà de la question de la censure, se pose surtout celle de la vision des femmes que défendent ces féministes. Une vision paradoxalement anti-féministe car justement victimisante, un féminisme essentialiste qui en vient à considérer le fait d'être victime comme la nature même de la femme, entre autres caractéristiques. Certes seul le fait d'être de manière générale dominées, exploitées et discriminées fait des femmes une catégorie en tant que telle, la division genrée n'ayant aucun fondement en terme biologique ou psychologique (voir articles plus bas), mais cela n'est en aucun cas un trait caractéristique à toutes les relations et activités entre hommes et femmes.