
En effet, encore une fois un peuple d'Europe vient de montrer son refus de voire construire l'Europe sans lui!
Cet évènement qui marque encore un coup dans la construction "par le haut" que ces messieurs les technocrates voulaient nous imposer peut nous réjouir pour de multiples raisons...
Une première plus irlandaise, est qu'initiée par les forces de gauche et associatives comme ATTAC, une nouvelle culture d'éducation populaire vient de naître en Irlande avec, à l'image des collectifs du 29 mai en France, la création de comités où étaient expliqués aux citoyens le contenu et les implications du Traité de Lisbonne. Un moment d'union des forces, de réflexion et de vigilance citoyenne qui a payé!
La deuxième chose rèside dans la raison principale ayant mené les Irlandais à voter NON, qui est le manque de clarté volontaire du texte et surtout le manque d'explication de la part des autorités. L'absence totale de concertation avec les peuples pour sa rédaction, entre experts et politiciens hauts placés et aguéris, y a sans doute participé.
Ainsi grâce à ce vote se rouvre une brèche d'espoir, de construire une alternative à ce système européen et ses pratiques anti-démocratiques.
Déjà en France, nous pourrions commencer par exiger la tenue d'élections dans tous les pays pour la constitution d'une assemblée constituante européenne.
Les forces de gauche doivent s'allier pour l'exiger, au risque de voir encore une fois, comme après 2005, s'éteindre l'espoir d'une alternative crédible au système capitaliste et libéral français et européen.
Pourquoi le peuple accepterait-il en effet de sortir du jeu de l'alternance sans fin entre un libéralisme soft se réclamant de gauche car agrémenté d'une légère sensibilité sociale pour faire bonne figure face à un néo-libéralisme affublé de conservatisme social, si une force suffisamment large et crédible n'est pas en capacité ou n'a pas la volonté de prendre le pouvoir?
Bientôt plusieurs échéances importantes vont avoir lieu à gauche, tout d'abord les différents congrès (PCF, PS...), la constitution du NPA, et les Etats Généraux de la gauche de transformation sociale et écolo.
Oui j'ai cité le congrès du Parti Socialiste, ce n'est pas une blague! Car contrairement à beaucoup de militants d'extrème gauche, je ne pense pas qu'il faille arrêter de regarder ce qui se passe du côté du PS. En effet, les luttes intestines entre différentes personnalités a de quoi dégouter. Mais derrière cette bataille très médiatique de l'élection du nouveau secrétaire du Parti, se cache un autre enjeu tout aussi important...
Celui de l'avenir de la gauche du PS, ou plutôt de ses militants, de plus en plus isolés au sein du parti où lorsque l'on a pas de relais médiatique grâce à une des personnalités on n'existe pas.
Le jeu est déjà fait d'avance : la bataille des personnalités va se terminer, peut être avec une surprise, avec l'élection de la nouvelle star du PS mais derrière le débat d'idée n'aura pas eu lieu.
C'est-à-dire la question de l'orientation à donner au parti est essentielle, et plus précisèmment l'attitude de la gauche du PS et de ses militants, suite à l'orientation toujours plus libérale que le PS prend en douceur et de manière détournée avec l'accession à la parole médiatique de nouveaux éléphants toujours plus délavés, et éloignés des idéaux de partage des richesses.
Et oui, ça peut paraître paradoxal, de demander de prêter attention à ce qui se passe au PS, alors qu'on sait que l'issue du Congrès sera de toute façon décevante.
Pourquoi s'y intéresser alors?
Et bien car l'on (les forces et militants de la gauche de gauche) a une occasion unique de créer cette force large et diverse dont l'on rêve, allant des socialistes antilibéraux aux militants d'extrème-gauche en passant par les communistes, les altermondialistes et les écologistes...
Comment?
En amenant le débat jusqu'à ces socialistes antilibéraux sur l'inutilité du Parti Socialiste dans le débat social des années à venir, afin que l'aile gauche du Parti se désolidarise de la ligne majoritaire ayant accepté le diktat du marché, pour rejoindre les forces antilibérales à sa gauche.
C'est pour cette raison qu'il faut aussi être attentif au Congrès extraordinaire du PCF de la fin d'année. En effet, il est évident que les idées et le mouvement communistes doivent avoir leur place à part entière dans une éventuelle nouvelle force unifiée de gauche antilibérale. De par l'histoire de ce parti, son ancrage local et son implication dans les luttes salariales ou démocratiques, ses traditions, son analyse très pertinente sur le monde du travail.
Jamais l'existence et l'utilité du Parti Communiste n'a d'ailleurs jamais été autant remise remise en cause au sein de celui-ci comme à l'extérieur. On voit très bien tous les jours qu'il n'est plus à même de porter les aspirations de transformation sociale comme il le faisait avant 1968.
Est de plus en plus partagée au-delà d'une simple refondation, le minimum faisant consensus, la nécessité de depasser la forme actuelle du parti pour l'intégrer dans une force plus large.
Mais il ne faut pas ignorer les forces du statu quo à l'oeuvre dans celui-ci. C'est le problème des structures politiques qui sont faites pour perdurer lorqu'elles prennent le dessus sur les militants d'une force politique comme c'est le cas au PCF.

D'ailleurs je pense qu'on peut aisément tirer une leçon du processus de construction de Die Linke, qui a commencé par l'alliance des anciens communistes de l'Ouest avec ceux de l'Est, pour enfin créer une organisation commune avec la gauche du SPD menée par l'ancien dirigeant socialiste Oskar Lafontaine. Puis au fil des élections et des combats communs, face au succés de la nouvelle alliance, bientôt le WASG conclût des accords avec le PDS dans de nombreuses échéances régionales et locales, jusqu'à que l'alliance avec le WASG soit définitivement conclue avec la création de Die Linke.
Pourquoi ne pas penser que l'on puisse suivre le même chemin en France. C'est-à-dire, l'unification dans une seule forces des socialistes antilibéraux, des communistes, des altermondialistes et des écologistes radicaux. Ainsi peut être cela poussera le NPA a envisager une alliance avec cette nouvelle force. Mais il faut admettre cette différence entre le WASG et la LCR/NPA, que cette dernière bénéficie d'une plus grande popularité grâce à son porte-parole Olivier Besancenot qui peut pousser son parti à avoir plus de prétentions et considérer sa nouvelle force comme suffisante.
Pour finir, afin de faire face au danger de voir une nouvelle structure rigide prendre place dans cette éventuelle nouvelle force, s'il y a un point que nous, militants alternatifs et des collectifs unitaires, ne devont concéder c'est bien celui de l'autogestion et du fédéralisme. C'est le meilleur moyen de rester à la pointe de la démocratie en interne, et de participer à faire de notre autre politique, une politique autrement.